Translated from English by Congregation of Notre Dame Translators
Lorsque j’ai commencé ce blog, j’ai
promis de décrire comment se passe une vie de novice. Maintenant que j’ai passé
quelques mois au noviciat, je me suis installée dans des habitudes confortables
et je peux mieux décrire « une journée typique ». Il convient de
noter que chaque ordre religieux a sa propre façon de former des novices, et
même à l’intérieur de la CND (ma communauté – Congrégation de Notre-Dame), l’expérience
du noviciat a été différente pour chacune des sœurs qui ont partagé leur
histoire avec moi, je relate donc ici mon expérience jusqu’à maintenant.
Clarification du jargon de sœur : « formation » est un synonyme
d’étude, de préparation, d’instruction, mais il est utilisé
tout spécialement
dans le contexte de vie religieuse, et même s’il s’applique en particulier à
cette étape en tant que novice (« camp d’entraînement pour sœurs »),
la formation est continue jusque dans la vie de professe, en passant par les vœux
temporaires. Dans mon ancienne vie, je l’aurais appelée « formation
permanente » ou « développement professionnel », avec des sujets
bien plus larges à développer sur les plans personnel et spirituel.
Je commence ma journée par une heure de
prière personnelle, afin de m’orienter vers le divin et de définir une
trajectoire souhaitée de paix et de présence. Elle inclut souvent la lecture
quotidienne des Écritures, l’office divin du matin, et de la
méditation/contemplation. Mon mantra préféré depuis quelques temps est la
prière de Jésus – Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur. Puis je
dois me souvenir de mettre ma croix. La plupart du temps je m’en souviens juste
avant de quitter la pièce.
Notre autel du Día de los Muertos
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On prend le déjeuner et le dîner à
l’heure qui convient à chacune, et on se retrouve à cinq à la maison pour le
souper, puis ensuite pour la prière communautaire. Chacune cuisine un soir par
semaine, et ça a été amusant d’étirer mes muscles culinaires qui s’étaient bien
atrophiés pendant ces 6 dernières années à vivre seule. De la même façon,
j’anime la prière environ un soir par semaine. La prière communautaire inclut
presque toujours un chant et l’office divin du soir, cependant nous avons eu un
service spécial la semaine dernière pour le Día De Los Muertos et nous avons dressé un autel pour nos chers disparus. Le contenu de la
prière varie selon la personne qui anime la prière et chaque soir est différent
mais spécial. Le dimanche, nous participons à un partage de la foi et apprenons
à nous connaître à un niveau plus approfondi. Ce qui m’impressionne le plus
quand nous prions ensemble est que chaque soir, lorsque le temps de la
contemplation en silence arrive, l’énergie du silence de 5 personnes est
puissante et palpable. Je suis déjà une personne du soir, mais après cette
poussée d’énergie, je suis rechargée, éveillée pendant longtemps.
Je vais à la messe tous les jours, ce
qui est une chose avec laquelle je pensais avoir des difficultés. Cependant,
j’ai trouvé que la messe quotidienne est merveilleuse – elle est courte, va à
l’essentiel, et offre un rappel régulier d’apporter le Christ dans le monde. De
plus, je vais dans une église différente tous les jours ce qui me permet
d’explorer les églises, les quartiers, et d’observer les gens. J’y vais souvent
à pied puisqu’il y a 6 églises à moins de 45 minutes de marche.
Le lundi et le mercredi, je rencontre
ma responsable du noviciat et je découvre la vie religieuse, la formation à la
CND, des informations spécifiques au noviciat, et les possibilités de croissance
personnelle. Les semaines suivent des thèmes (j’adore), ce qui implique des
lectures d’articles et de livres (j’adore encore plus), et j’ai des
« devoirs » sous la forme d’une courte réflexion pour chaque thème
(je pense que ma responsable préfèrerait que j’écrive moins... mais je lui ai
expliqué une fois que ça me prend deux paragraphes rien que pour éternuer,
alors elle est coincée avec de longues dissertations).
Avec
soeur Kathleen Deignan
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Le mardi et le mercredi soir, j’assiste
à des cours. L’un d’eux est un cours de second cycle à l’université Fordham sur
l’Ancien Testament. C’est un cours incroyable qui a changé ma façon d’écouter
les lectures pendant la messe car il fournit le contexte, la culture et
l’histoire des récits. L’autre est un cours de premier cycle au Iona College
sur la cosmologie de l’univers et comment les étoiles et la spiritualité sont
inextricablement liées (extraordinaire bien sûr). Ce cours est enseigné par une
de nos sœurs – Kathleen Deignan, et cela a été une source d’inspiration
d’entendre son mysticisme et sa sagesse. Au prochain semestre, je passerai au
Nouveau Testament et à Teilhard de Chardin (J’espère!)
Le jeudi je
rencontre un groupe de novices et leurs formatrices (responsable de noviciat,
responsable, etc.) et nous
apprenons ensemble. Nous nous rendons dans les
différentes maisons afin de voir l’espace personnel les unes des autres, voyageant
jusqu’au Connecticut, la Pennsylvanie et le New Jersey. Parmi les sujets
abordés : la doctrine sociale catholique, la prière, la réflexion
théologique, et le développement psychosocial. Toute une gamme, c’est le moins
que l’on puisse dire. Ce groupe de novices fait partie d’un plus grand groupe
qui se réunit six fins de semaine par an, pour toutes les personnes en
formation – les candidates (comme moi l’année dernière), les novices, les
nouvelles professes (en ministère avec des emplois et qui ont fait la promesse
de rester un an ou deux de plus jusqu’à ce qu’elles soient prêtes pour leurs
vœux perpétuels), et nos formatrices. L’année dernière, j’ai pris l’avion de
l'Île-du-Prince-Édouard à New York à sept reprises pour rencontrer ce groupe,
j’avais donc déjà un cercle d’amies lorsque je suis arrivée.
Amies
en formation
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Le vendredi est la « journée du
Camino » ou « journée du désert », pendant laquelle j’essaye d’assimiler
les notions acquises durant la semaine de manière intentionnelle, en silence
autant que possible. C’est presque une journée de retraite à chaque semaine et
ça me rappelle de ne pas en faire trop. J’ai l’occasion de lire, de bloguer,
d’aller marcher pendant 8 heures, ou de faire vraiment ce que l’Esprit
m’inspire, mais avec pour objectif de le faire intentionnellement.
Mes colocs à Broadway
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En tant que communauté – nous organisons
une soirée de jeux de société par semaine et nous jouons aux cartes (à ma
demande), nous regardons la télévision ensemble certains soirs (en ce moment, je
suis obsédée par les programmes « Good Place » et « Project
Runway »), nous nous glissons dans l’église sans lumière au milieu de la
nuit pour prier (chut, gardez ça pour vous!), nous cuisinons ensemble, nous allons
nous promener, et nous sommes même allées à un spectacle de Broadway (nous
avions 5 billets gratuits!!). C’est une expérience plutôt extraordinaire.
Super visite de UPEI
à NY
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Je dors un bon 7 heures par nuit – plus
que ce que j’avais l’habitude d’avoir. Je participe au nettoyage même si mes efforts se concentrent surtout sur
l’entretien de la maison – réparer les éviers, installer des choses, construire
des étagères, etc. J’ai le temps d’apprendre à jouer de quelques instruments,
de profiter de la solitude de ma chambre lorsque l’introvertie en moi est
saturée de « l’être-ensemble ». Il y a beaucoup de choses que je ne
mentionne pas – comme des trajets en ville pour visiter un musée, les visites
d’amis qui passent dans le coin, les rencontres communautaires de la province,
les rassemblements des personnes associées à la CND, les conférences sur la
pauvreté ou l’activisme écologique, et la célébration de la vie des sœurs lors
d’obsèques (quelques-unes jusqu’à présent).
Je pense que ce sont les points forts. C’est
un horaire chargé, c’est certain; je me demande où sont passées les journées et
comment 11 semaines se sont déjà écoulées! Je suis pleine de reconnaissance
pour les personnes avec qui je vis, je chéris les leçons que j’ai apprises, et
je redoute le jour où ces deux années tireront à leur fin. (Libby Osgood, novice
de la CND)
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